Il était une fois...la saison 1950

Publié le par gegemag formula one

GéGémag.Formula Onel'Univers de la Formule1  

 

 

Il était une fois...
... la saison 1950


 

Cela nous parait tellement lointain aujourd’hui, à l’époque de l’électronique et de la surmédiatisation...

C’était une autre époque...

La FIA n’a que quatre ans d’existence. Les courses automobiles sont pour elle une activité secondaire, l’essentiel de ses revenus étant généré par la vente de carnets permettant aux touristes de passer les douanes aux frontières lors de leurs « voyages automobiles ».

L’Europe se remet de la seconde guerre mondiale. Juste avant le grand désastre, les italiens et les allemands, surtout les allemands, sont les rois de la course automobile, car sa vertu de propagande a été très tot remarquée par Mussolini et Hitler. Les trois très grandes équipes européennes sont Alfa Romeo pour l’Italie, et Mercedes et Auto Union pour l’Allemagne.

En 1950, lors de la création du championnat, les allemands sont encore sous le coup des sanctions liées à la guerre, et leurs équipes sont interdites de compétition. Alfa Romeo, qui vient de perdre tous ses pilotes de mort violente ou naturelle, envisageait de se retirer de la compétition pour se consacrer exclusivement à la construction de voitures de tourisme, mais la création du championnat fait revenir la firme sur sa décision.

Il existe à cette époque une multitude de courses, dans lesquelles s’alignent des voitures « officielles », mais aussi des pilotes privés, propriétaires de leur auto. Certaines voitures arrivent parfois au circuit par la route, mais pas en camion ! Les constructeurs ont intérêt à multiplier les exemplaires de leur voiture en course, puisque les changements de pilotes sont autorisés.

Pour le nouveau championnat, chaque pays membre de la FIA a le droit de proposer une de ses Grandes Epreuves pour constituer un Grand-Prix. Ce sont des courses de 500 km ou trois heures. Il y aura six courses, cette saison là. L’attribution des points décide de récompenser le panache, et surtout de limiter le handicap dû à un abandon, car la mécanique est encore un peu « approximative » : les cinq premiers pilotes marquent des points : 8,6,4,3,2. Un point « bonus » est attribué au détenteur du meilleur tour, mais il faut qu’il ait accompli un certain nombre de tours. Seuls les quatre meilleurs résultats de la saison sont pris en compte.

On est également très loin de la sophistication du règlement actuel : une formule 1 est une voiture dont le moteur a une cylindrée de 4500 cm3 sans compresseur, ou 1500 cm3 avec compresseur. Point. Pas de poids limite, quelques réglements de sécurité minimaux (possibilité aux organisateurs d’exclure une voiture jugée dangereuse), pas de consigne au sujet du carburant (essentiellement du méthanol).

Les équipes ont des noms chargés des charmes de la nostalgie ou de l’exostisme : Alfa Romeo, Maserati, Maserati-Milan, OSCA, Simca-Gordini, Talbot, ERA, BRM, Alta, Cisitalia, CTA-Arcenal, Jaguar-Ferrari et... Ferrari. Enzo Ferrari, ancien pilote de chez Alfa Romeo, a créé en 1929 la Scuderia Ferrari, une entreprise permettant aux pilotes privés de s’aligner en course, en gérant la « logistique », la préparation des voitures... En 1948 il aligne sa formule 1 en course.

Les pilotes sont des « baroudeurs », parfois agés, parfois malades, mais toujours accrocheurs. Juan Manuel Fangio, bien sur, qui a été choisi pour « son regard percant », Farina avec une solide réputation de bagarreur, mauvais caractère, parfois dangereux en course, Luigi Fagioli, industriel dans le domaine de la pâte alimentaire (on rêve !), Raymond Sommer, considéré comme le meilleur pilote français...

Les solutions techniques sont très variées... Les motorisations vont du 4 cylindres en ligne de la Simca-Gordini T15C ou de la Maserati 4CLT à 16 cylindre en V (BRM Type 15). Les archi-favorites, ce sont les Alfa, avec un 8 en ligne de 1500 cm3 compressé. Ferrari alignera déjà courant 1950 son légendaire V12, 4500 non compressé. Mais les capacités des voitures sont également très variées...

Et avec tout ce petit monde hétéroclite, la première messe sera dite à Silverstone, le 13 mai 1950. Grand-Prix d’Europe et de Grande-Bretagne. De 100 000 à 200 000 spectateurs, temps magnifique, délégation de la famille royale, et... Aucune Ferrari au départ ! Un désaccord financier (déjà !) pousse Ferrari à aligner ses voitures dans une course secondaire. Les Alfa s’imposent donc facilement, Ferrari étant leur seul éventuel concurrent sérieux (et encore !). C’est Farina le premier pilote à inscrire son nom au palmares de la F1.

A Monaco, les Ferrari sont de retour. A l’issue d’un énorme carambolage au premier tour, au bureau de tabac, à cause de la piste rendue humide par les embruns, Fangio se faufile et s’impose...

Farina revient au classement après le Grand Prix de Suisse, en l’emportant après que Fangio casse à 7 tours de l’arrivée. L’alternance continue à Spa (l’ancien Spa, 14 km...), ou Fangio s’impose, après une belle démonstration de Sommer, qui doit abandonner sur casse mécanique. Le français trouvera la mort cette année là, dans une compétition régionale.

Fangio gagne dans la foulée le Grand Prix de l’Automobile Club de France, sur le circuit de Reims, à la rapidité diabolique (surtout catalysée au champagne !), mais il perd le Grand-Prix d’Italie après une nouvelle casse moteur et Farina devient le premier champion de la F1.

Résultats du championnat :

 1er : Giuseppe Farina (Alfa-Romeo) 30 points
 2eme : Juan-Manuel Fangio (Alfa-Romeo) 27 points
 3eme : Luigi Fagioli (Alfa-Romeo) 24 points (28 marqués)

Pour la petite histoire, pour poursuivre le rapprochement avec les Etats-Unis à l’issue de la seconde guerre mondiale, on jugea utile d’intégrer les 500 miles d’Indianapolis au championnat. Mais les pilotes européens ne participaient pas à l’épreuve, et les américains pas aux épreuves européennes... L’impact des 500 miles sur le championnat était donc nul... En 1950, c’est Johnnie Parsons qui a gagné dans l’Indiana...

Malgré une écurie ultradominatrice, sans concurrence réelle, mais sans consignes d’équipes le championnat a été passionnant et très serré tout de même... A méditer...

Mais ce qui se profile à l’horizon, fin 1950, c’est un cheval cabré... Ferrari a eu une saison bien difficile avec ses modestes 125, mais le modèle 375, qui emporte le fameux V12, semble bien prometteur sur les dernières courses...

Concepteurs : Giocchino Colombo
Pilotes : Alberto Ascari, Raymond Sommer, Luigi Villoresi, Peter Whitehead
Années de présence : 1950, 1951, 1952
Moteur : Ferrari
Pneus : Dunlop, Pirelli
Meilleure place en course : 2
Meilleure place en qualification : 4

 

A suivre...

 

Publié dans HISTORIQUE F1

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article